Graciela Maturo
LE VISAGE / EL ROSTRO
Traduction : Pablo Urquiza
Livre-CD Audio - Vidéo
Voix : G. Maturo - Julienne Salvat
Béatrice Kohlstedt
Prix de la Biennale de la Province de Mendoza, Argentine, en 1960. Publié dans la Collection Cuadernos Julio Herrera y Reissig, Montevideo, Uruguay, en 1961 avec une préface de Carlos Mastronardi.
Premio de la Bienal de la Provincia de Mendoza, 1960. Publicado en la Colección Cuadernos Julio Herrera y Reissig, Montevideo, Uruguay, en 1961 con un prólogo de Carlos Mastronardi.
Jardín de hierro *
No puede ser que todo se pierda para siempre,
que no tengan su número de amor
ni la música oscura que fluye entre mis dedos
ni el agua, ni la arena
ni la movida llama
ni el enorme silencio de los ojos del perro
ni el sueño de la tarde que bellamente muere.
Cómo será el olvido,
los días sin memoria,
sin este claro peso de las cosas amadas,
sin el tierno contorno familiar de los árboles
acaso sin tus ojos...
Cómo serán los lentos imperios de la gloria
su radiante crepúsculo sin noche
su implacable diadema.
Quizás pediré a Dios que me conceda un día
poder mirar el cielo desde huesos mortales
y saciar estos labios con un agua de tierra...
Volveré a los parajes que anduvieron mis pasos
entre piedras antiguas o entre muros
dulces, perecederos...
Acaso volveré, desterrada y ardiente
a mi jardín de hierro.
Jardin de fer *
Ce n’est pas possible que tout se perde à jamais,
que ni la musique obscure qui coule entre mes doigts,
ni l’eau, ni le sable,
ni la flamme tremblante,
ni le silence énorme des yeux du chien,
ni le sommeil du soir qui meurt en beauté
n’aient pas leur nombre d’amour.
Comment seront l’oubli,
les jours sans mémoire,
sans ce poids limpide des choses aimées,
sans le tendre contour familier des arbres
sans tes yeux, peut-être...
Comment seront les lents empires de la gloire,
son crépuscule rayonnant sans nuit,
son implacable diadème.
Je demanderai à Dieu peut-être qu’il me concède un jour
de regarder le ciel depuis des os mortels
de rassasier ces lèvres avec une eau de terre...
Je reviendrai dans les parages traversés par mes pas
entre des pierres anciennes ou entre des murs
tendres, prêts à mourir...
Je reviendrai peut-être, déterrée, ardente,
dans mon jardin de fer.